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SVÂMI PRAJNANPAD : extraits

CECI, ICI, À PRÉSENT

Seule et unique réalité


Traduction de Colette et Daniel Roumanoff

Entretiens avec Frédérick Leboyer

 

Extraits
CECI, ICI, À PRÉSENT
Entretiens avec SVAMI PRAJNANPAD


La CENSURE bloque la RELAXATION
S. Avez-vous essayé hier de vous relaxer?
F. Oui, oui.
S. Comment cela s’est-il passé?
F. Et bien ! Ce n’était pas difficile.
S. Pas difficile! Toute action, savez-vous, comporte trois parties pour ainsi dire. «Quoi?» «Pourquoi?» et «Comment?» Pour n’importe quelle action: «Qu’est-ce que c’est? Que dois-je faire?» Ceci est l’aspect intellectuel. L’intellect voit clairement et de manière explicite.
Et l’émotion vient. «Pourquoi dois-je le faire? Pourquoi est-il nécessaire que je le fasse? Que cela reste là. Qu’est-ce cela peut me faire?» Par exemple, vous vous êtes souvenu de tant de choses. Qu’est-ce que c’est pour vous? Vous devez sentir que: «Ceci est nécessaire pour moi. C’est à moi. Je ne peux que le faire». Cette explosion émotionnelle doit être présente. Pour cela, vous devez connaître le pourquoi de la chose: «Pourquoi devrais-je faire cela? Y a-t-il une quelconque nécessité? Si oui, très bien. Si non, adieu». Si votre conception intellectuelle est claire et votre conviction émotionnelle parfaite, alors votre action, le comment, devient aussi facile que possible.
Vous êtes toujours à la recherche du «Comment, comment puis-je faire? » Mais qu’est-ce que je cherche à obtenir? A quoi est ce que j’aspire? Vous ne vous en préoccupez pas. Voilà la difficulté
On vous demande ici de vous relaxer. «Pourquoi? Pourquoi devrais-je le faire?» Demandez-vous seulement: «Pourquoi devrais-je le faire? Pourquoi? Quelle en est la nécessité? Svâmiji dit que cela doit avoir un sens. Lequel?»
Ici, vous n’avez affaire qu’à vos émotions, pas à l’intellect. Que l’émotion sorte sous sa forme évidente à l’état spontané. Pourquoi devrait-elle sortir? Parce qu’elle est là et qu’elle représente le passé. Le passé subsiste en arrière-plan et cherche toujours à vous tirer en arrière. Mais vous devez avancer, aller de l’avant. Vous voyez, que quelque chose vous tire en arrière. Ainsi, vous devez d’abord en être libre, sinon votre énergie est bloquée. Pourquoi est-il nécessaire de libérer l’énergie, pour aller où? Laissez l’énergie s’écouler. Vers où? Ceci doit être clair pour l’intellect, pour l’intelligence. Pour qui? Pour vous, en tant qu’individu et en tant qu’homme. Vous agissez comme un individu, sans doute, mais vous essayez d’être un homme. Voyez la différence! Vous agissez comme un individu, sans doute, mais vous essayez d’aller en direction de l’homme.
F. Oui, vers l’accomplissement de toutes les possibilités qui se trouvent à l’intérieur.
S. Oui, c’est l’accomplissement de toutes vos énergies, vos possibilités, vos probabilités et vos potentialités.
F. Oui, elles doivent sortir.
S. Quelle est la destination? L’homme. Qu’est-ce que l’homme alors vers lequel vous devez vous diriger?
F. Eh bien même cela, c’est difficile de le savoir!
S. Pourquoi? Vous en avez discuté tant de fois! Qu’est-ce que vous recherchez en tant qu’individu?
F. L’infini.
S. Très bien. Ainsi, être infini doit être la destinée de l’homme ou plutôt de n’importe quelle forme de la Nature. L’homme est une forme consciente de la Nature, qui peut voir, comprendre, parvenir à cela, l’atteindre ou le devenir. C’est la destinée de l’homme d’être parfait, infini, complètement comblé. Ce stade de conscience, libre, complet, libre de toutes parts, où il n’y a rien, nulle part qui reste bloqué. Cette perfection, cet accomplissement c’est cela l’homme. La vérité est cela. Mais vous ne pouvez pas prétendre: «Je suis devenu un homme maintenant». Je suis où je suis et je dois aller là. Il faut voir clairement.
Par exemple, quand vous marchez, vos pieds sont sur le sol, mais votre regard se porte en avant. Votre intelligence, toute votre intelligence avec l’émotion qui l’accompagne, doit regarder vers ce but. Mais d’où partez-vous? De là où vous êtes!
F. Pour nager, on repousse l’eau en arrière
S. Très bien. Est-ce clair? Alors, d’où partez-vous? Partez d’ici et depuis le début. Cette liberté, cette liberté complète qui embrasse tout c’est cela la virilité. « Là où je me trouve ici et maintenant, je dois essayer d’être libre dans les circonstances dans lesquelles je me trouve. Mon intelligence doit être libre autant que possible, mes émotions doivent être libres autant que possible et mon action doit être libre autant que possible. Ainsi, tel que je me trouve situé maintenant, je dois être cela c’est-à-dire non-conditionné».
F. Je ne dois donc pas laisser le monde me diriger. Je dois me diriger moi-même.
S. Vous devez être vous-même, ici et maintenant dans les circonstances dans lesquelles vous vous trouvez. Ceci est la perfection ici et maintenant. Pour l’accomplir, votre intelligence doit donc être aussi claire que possible. Et l’émotion doit être libre et en harmonie avec votre intellect, de sorte que vous ne parliez pas de cette façons: «Oui, oui, je comprends, mais...»
F. Oui, oui. Dès qu’il y a le moindre doute concernant le but, il ne peut pas être atteint. Je le sais.
S. Parfois vous pouvez voir intellectuellement : «Oui. C’est ainsi». Mais l’émotion vous retient en arrière. L’émotion n’est pas en harmonie avec ce but. Que faire alors? Vous devez faire sortir l’émotion de son état déformé, de son état de manque vers son accomplissement. L’intellect et l’émotion doivent toujours être en harmonie. Si l’intellect est libre, l’émotion doit être libre également.
Comme vous l’avez vu, votre émotion n’est pas libre. Vous êtes attaché à votre enfance, attaché et attaché! Dans ces conditions comment l’émotion pourrait-elle sortir? Comment pouvez-vous avoir de l’énergie pour aller de l’avant? L’émotion vous tire toujours en arrière.
F. Oh! Oui! Je le sens fortement. Je dois m’en débarrasser, la brûler.
S. Comment faire? Quel est l’obstacle qui empêche l’émotion de sortir? L’obstacle est votre idée du jugement de valeur, votre conception du bien et du mal: «Ceci est mal, ceci est vertueux, ceci est un péché».
F. Mais cette censure se trouve dans l’inconscient ; peut-on la maîtriser? Peut-on la laisser partir?
S. Nous en avons parlé hier. Maintenant, répétons-le encore. Quand vous êtes seul, vous êtes seul. Vous êtes avec vos émotions. Quand vous êtes loin de toute société et de tout le reste, vous êtes seul. Vous êtes avec vous-même. Quand vous êtes vous-même, il n’est question ni de bien ni de mal. Parce que la question du bien et du mal ou de la moralité n’apparaît que dans la relation avec autrui. Quand vous êtes seul, vous êtes donc vous-même. Toute émotion qui vient, est la vôtre, tel que vous êtes situé. Vous ne pouvez pas la juger.
F. Mais si on décide: «Très bien, il n’y a pas de jugement de valeur, tout ce qui va arriver, très bien, laissons-le venir», cela va-t-il venir ou bien certaines choses vont-elles être repoussées par la censure?
S. Il n’y a que cette censure. Maintenant quelle est la nature de la censure? Qu’est-ce que la censure?
F. D’une certaine façon, on peut dire que ce sont seulement des jugements de valeur. Y a-t-il une autre censure qui ne dépend pas de notre volonté? Pouvons-nous agir sur elle et dire «S’il vous plaît » ou bien « Je t'ordonne de laisser les choses se dérouler ?»
S. Il s’agit de comprendre ce jugement de valeur, qui commande toujours: «Ne fais pas ceci, ne fais pas cela». En psychanalyse, on l’appelle surmoi. Ici en Inde, dans le yoga, on l’appelle sia-ahakâra: l’ego conditionné.
F. Cela veut dire que c’est une censure qui n’est pas soumise au pouvoir de notre volonté?
S. L’ego a toujours peur de ce surmoi, ou plutôt l’ego est sous sa domination.
F. Vraiment comme un petit enfant.
S. Oui, comme un petit enfant. A moins d’affaiblir ce surmoi, il n’y a pas de sortie. Ainsi, ce surmoi ou cet ego conditionné, quelle est son origine? Parce que, vous voyez, vous devez être en relation avec lui, et pour traiter avec lui, pour le contrôler vous devez connaître sa nature. Sinon, vous ne pouvez rien. Quelle est donc sa nature? Un tout-petit enfant n’a pas de surmoi.
F. Cela vient donc de l’éducation et probablement du souvenir que certaines choses sont permises et d’autres pas.
S. Et ce surmoi vient généralement et de manière prédominante du père, parce que l’autorité c’est lui.
F. Oui, c’est la raison pour laquelle Dieu est généralement...
S. Pris comme étant le père. Oui, vous y êtes. Super-Dieu n’est rien d’autre que le surmoi pour l’enfant, Dieu l’est pour l’ego d’un adulte. Rien de plus que cela. C’est bien montré par Freud dans son livre: «L’Avenir d’une illusion». C’est très bien décrit.
La censure vient donc de l’extérieur, c’est la première chose, le premier principe. La censure ne vient pas de l’intérieur mais de l’extérieur et elle est surimposée sur l’ego. Cela ne vous appartient pas. Parce que votre surmoi sera différent du surmoi d’une famille différente. Et votre surmoi sera également différent du surmoi d’un pays oriental. Vous voyez que le surmoi est le produit d’une influence extérieure. Aidez seulement votre intelligence et votre émotion à dire: «Parce cela vient d’une influence extérieure, ce n’est pas à moi».
F. Alors, pensez-vous que l’enfant qui n’aurait pas de père, qui aurait été élevé librement, n’aurait pas ce sentiment de surmoi?
S. Oh! S’il n’a personne pour le contrôler d’aucune façon, il sera sauvage, asocial et non civilisé. Et tout se trouvera dans une confusion complète. Ce surmoi est donc un mal nécessaire. Vous ne pouvez pas l’éviter.
La soif de liberté ou le goût de la liberté vient de l’asservissement. Vous devez donc être asservi pour être libre. Telles sont les choses aujourd’hui. Et au sujet de ce surmoi, par exemple, dans une famille où le grand-père dirige la famille, le surmoi du petit-fils sera très déformé, très anormal, parce que pour lui, son père est ce qu’il y a de mieux. Mais il sent: «Oh! Mon père est soumis à mon grand-père».
F. Au lieu d’avoir un surmoi absolu, il a un surmoi relatif.
S. Il doit donc y avoir quelqu’un. Parfois la mère est le principe dirigeant de la famille. Le surmoi vient alors de la mère.
Vous devez voir quoi est quoi. Voyez-le clairement. Appliquez votre intelligence et votre intellect. «Oui, je vois que le surmoi vient de l’extérieur». Y a-t-il la moindre incertitude à ce sujet, le moindre doute?
F. Non, non.
S. «Parce que c’est quelque chose qui vient de l’extérieur, ce n’est pas à moi. Pourquoi devrais-je l’accepter? Cela est venu, cela doit partir». Si vous voyez intellectuellement et si vous le sentez émotionnellement: «Oui, oui. Ce n’est pas à moi. Cela doit partir. Parce que c’est dépendant. Je le vois. Mon surmoi, sans doute est comme cela. Je suis lié par mon surmoi et horrifié devant mon surmoi, très bien». Mais vous voyez qu’un autre surmoi est une tout autre chose. Ainsi, l’idée même de ce surmoi ou cette censure est quelque chose de relatif! C’est le deuxième point. Le premier point est: «c’est une chose extérieure, ce n’est donc pas à moi».
F. Mais ce sentiment très fort de valeur, que chacun porte en lui, nous devons voir de quoi il est fait.
S. Oui, c’est vrai, c’est la science, la seule science. Et «Quoi? » doit être clair. «Pourquoi?» doit être clair et alors «Comment ?» sera aussi clair que possible. Vous n’avez pas besoin de penser au «Pourquoi?» d’abord. «Pourquoi?» doit venir après. Mais parfois, pour ceux qui n’ont pas de clarté intellectuelle, pas de pensée claire, pas de compréhension claire, cela doit être traité d’abord.
F. On pourrait dire que les grands saints n’ont pas été particulièrement remarquables du point de vue intellectuel?
S. On peut probablement accomplir de grandes choses sans l’intellect, mais, voyez-vous, il a saints et saints. Il y a des choses relatives.
F. J'ai le sentiment que cette réalité, pour l'appeler de ce nom, ne peut pas être saisie par l'intellect mais par une sorte de pouvoir supra mental.
S. Qui dit cela?
F. C'est un sentiment. Et cela se trouve dans tant de livres.
S. C'est une sorte de réaction, de satisfaction imaginaire du désir, ce n'est pas la réalité. On dit en Inde:
Na-ayam-âtma na-eva vâcâ na manasâ prâptu sakyo na cakusâ: Cette réalité ne peut être saisie ni par des mots, ni par la pensée, ni par vos yeux ; vous ne pouvez pas l'obtenir ainsi.
Cela vient des Upaniad, le plus grand trésor de l'accomplissement de l'Inde ou plutôt de l'humanité.
F. Et cela ne peut être saisi par l'intellect?
S. Alors comment le saisi? «Dsyate tv-agrayâ buddhyâ: il peut être vu» (ils emploient toujours le mot «voir»), «il peut être vu par ceux dont la vision est fine. Comment? Par un intellect fin et tranchant».
F. Est-ce cela qu'on appelle la discrimination?
S. Il peut être vu par l'intellect et l'intelligence. Mais quelle doit être la nature de l'intellect et de l'intelligence? Fine et tranchante. En général l'intelligence n'est ni tranchante ni claire. Elle est émoussée et embrumée.
F. La manière dont je le comprends c'est que quand nous pensons, il y a «moi» et l'objet que je regarde. Il ne doit plus y avoir ni «moi» ni l'objet, les deux doivent faire un.
S. Plutôt il ne doit plus y avoir aucun «moi», pour que vous puissiez sentir l'objet. Ainsi vous rendre libre de ce «moi» est la seule chose que vous ayez à accomplir.
F. Oui, nous devons vider.
S. Vider et remplir. Non pas vider car que signifie vider? Remplir. Parce que la Nature a horreur du vide! Dès que vous videz, aussitôt cela va se remplir.
F. Ainsi, nous devons tout brûler…
S. C'est ainsi que la Nature fonctionne. La Nature a horreur du vide. Vous ne pouvez pas créer le vide.
F. Ainsi la matière dont l'ego est fait doit être brûlée.
S. Et aussitôt elle doit être remplie par quelque chose de plus élevé, comme vous dites. Vous n'avez pas à vous préoccuper de faire venir ce qui est plus élevé. Vous n'avez qu'à nettoyer. Maintenant, tel que vous êtes, vous avez un intellect et une intelligence. Vous ne pouvez pas vous mettre en chemin en aveugle. Vous avez des émotions, vous ne pouvez pas les affamer. Vous avez un besoin d'action, vous ne pouvez pas l’écraser. Alors que devez-vous faire? Si votre capacité d'agir est amoindrie, si votre émotion est déformée et privée d'expression et si votre intelligence est embrumée, que pouvez-vous faire?
F. Je dois tout rendre clair.
S. Oui, c’est tout. Voilà le point. Vous suivez? Ainsi, comment pouvez-vous rendre les émotions claires? Comment faire? La censure entre jeu. Comment sortir de la censure? Connaître la nature de la censure. La censure n’est rien d’autre que le produit de quelque chose d’extérieur. Elle est extérieure. «Ce n’est pas à moi, c’est donc quelque chose qui m’est étranger». Premier point.
L’intelligence dira aussitôt: «C’est une chose étrangère». L’émotion viendra: «Parce c’est étranger, ce n’est pas à moi, je n’en ai rien à faire». Le point suivant est: «Très bien, c’est étranger, cependant cela existe». « Non, cela n’existe pas! Comment?» Parce que c’est une chose relative. La censure n’est pas la même partout. C’est une chose relative. C’est donc venu à vous sous une forme relative. Ce n’est pas une chose vraie, ni véritable. Si la censure était réelle, on la trouverait partout. «C’est une censure qui m’est particulière. Une autre pour un autre et encore une autre pour un troisième C’est donc une chose fausse, une chose irréelle sans aucune entité ». Pas à pas, soyez clair!
Première point, la censure est une chose extérieure. Deuxième point c’est une chose relative. Tout pointe donc vers le fait que ce n’est pas une chose réelle!
F. Oui, c’est la nature de la relation.
S. Oui, c’est la nature de la relation. «Très bien, quelle est la nature de la relation alors? Voyons». La relation est-elle un facteur constant et stable? Non. Elle est aussi relative. Elle est due à la comparaison. Mais la comparaison est fausse. Pour faire une comparaison vous devez avoir un terrain commun. Dans la nature infinie, chaque mode est différent. Il n’y a donc pas de comparaison de l’un avec un autre. La comparaison elle-même est fausse. Alors le produit de la comparaison? Je suis ce que je suis maintenant. Ainsi quand je suis seul, je suis seul. Pas de société, pas de bien, pas de mal, rien de la sorte. C’est venu de l’extérieur et je l’ai pris en moi et je l’ai rendu mien! Eh bien, c’est un pur non-sens! C’est à l’extérieur. C’est à l’extérieur, je le garderai à l’extérieur. Quand j’aurai à aller vers l’extérieur alors je la prendrai et me comporterai selon la logique de l’extérieur. Mais en moi-même? Je suis libre». Voyez, voyez-le clairement intellectuellement et soyez-en convaincu. Le surmoi perdra alors toute sa force.
Quand vous êtes seul, vous vous relaxez, parfois vous vous sentez bien. C’est ainsi. Et aussitôt, vous sentez la censure revenir, dites: « Qu’est-ce que c’est? Comment? Je sens que vous êtes ici. Je le sens, vous êtes là. Je ne le nie pas».
Voyez la beauté de la vérité! «Je ne le nie pas, très bien. Vous ne devez pas être là. Allons, laissez-moi voir. Vous êtes un produit extérieur». Utilisez alors votre intellect: «Qu’est-ce que c’est? C’est une chose extérieure. C’est une chose relative! Alors? Pourquoi devrais-je m’en occuper?».
Un jour, de nouveau, la censure apparaîtra. Elle ne partira pas immédiatement. Elle peut partir aussitôt. De nouveau, saisissez-là. Et montrez intellectuellement et dans le sentiment, quelle en est la nature. Soyez seulement convaincu que c’est une chose extérieure, une chose relative.
F. Très bien, une fois que la censure est écartée, une fois que le sentiment «je dois et je ne dois pas» est brûlé, on doit trouver une autre loi. Non pas une loi mais une raison pour ses actions. Pas une raison, mais une motivation. Quand c’est vide, vous devez me dire quoi mettre dedans?
S. Très bien. Ceci a déjà été dit. D’abord vers quoi allez-vous?
F. Oui, vers l’homme.
S. Ceci est l’idée. Comment reconnaître ce que vous faites? Vous devrez voir progressivement que vous ne vivez dans aucun monde, que vous n’êtes en rapport avec personne, que vous ne travaillez nulle part avec qui que ce soit. Vous n’êtes en rapport qu'avec vous-même. Vous devrez le voir. Vous dites «je travaille dans la société, je vais là et je fais cela et ainsi de suite. Je l’aime, je le hais». Non, c’est un non-sens absolu! Vous n’êtes en rapport avec personne d’autre que vous-même. Vous essayez de vous projeter vous-même.
F. Oui, oui, sur tout objet, je sais.
S. Vous le savez? Alors, que faire? Voir les choses comme elles sont. Vous devez être libre de ce lamentable processus de projection. C’est le but.
F. Je devrais donc aller de plus en plus.
S. Faites-le clairement, à tout moment. Vous serez aussitôt libre.
Vous dites: «Très bien, l’énergie est libre ». Restez dans cette position. Vous n’avez pas à demander à l’énergie d’être elle-même. Vous êtes vous-même. Alors, il est lui-même aussi. Ainsi vous ne pouvez pas marcher sur les plates-bandes de l’autre. Vous êtes vous-même sans doute. Mais laissez les autres être les autres. Ainsi vous voyez: tout est différent. Ou plutôt vous voyez que tout est non-soi, tout est autre que vous-même. Toute autre personne n’est pas vous-même. C’est ce dont vous devez être convaincu, vous devez sentir et vous devez agir en conséquence. Et si vous pouvez le faire, vous êtes parfait. Vous êtes devenu un homme.
F. Oui, mais alors probablement, vous vous sentez comme un parfait étranger.
S. Comme un parfait étranger? Vous vous sentirez un avec tout le monde, non comme un parfait étranger! Vous sentez l’unité, une unité parfaite, inconditionnée avec tout le monde. Vous serez complètement rempli sans aucune condition quelle qu’elle soit. Pas du tout un étranger.
F. Très bien, je vais y travailler.
S. Travaillez et voyez. Intellectuellement divisez votre temps. Comment? Divisez votre temps de façon à consacrez un certain temps à ce travail émotionnel.
F. Oui, à la relaxation pour affaiblir la censure.
S. Et un autre temps pour convaincre l’intellect et l’intelligence de la vérité des choses.
Deux aspect de la vérité sont présents: l’un est le changement, « tout est changement » et le second « tout est différent ». Seulement ces deux principes de vérité, voyez-vous. Sont-il la vérité ou non ? Tout d’abord soyez-en convaincu. Ne prenez rien pour argent comptant. Ne prenez rien comme allant de soi. Voyez que la nature des choses c’est le changement. Ainsi, vous sentez, du moins vous voyez intellectuellement que vous n’avez pas d’ego. En avez-vous? Non. Cette conception d’ego est une illusion. Il n’y a pas d’ego. Il y a une série continue d’ego. Il n’y a aucun ego du tout. Ainsi, dès que vous pouvez sentir qu’il n’y a aucun ego, qu’il n’y a aucun «je», vous êtes libre. Vous voyez? Et pour pouvoir agir dans les relations, vous devez sentir et voir que tout est différent de vous. Pour agir avec n’importe qui d’autre, vous devez être… Comment? Comment agir?
F. Je ne sais pas.
S. Vous devez être vous-même. Alors et alors seulement vous pouvez agir. Sinon non. Vous agissez maintenant selon vos propres termes. Dites-vous: «Je vous aime»? Jamais! Vous dites: «J’ai aimé tant de fois». Vous n’avez jamais aimé personne d’autre. C’est vous-même que vous avez aimé. Comment cela? Tant que l’objet de votre amour s’est comporté comme vous l’avez souhaité ou que vous avez aimé ce que lui ou elle a fait, vous l’avez aimé. Dès qu’il s’est comporté de manière contraire à ce qui vous plaisait: «Oh! Pourquoi fais-tu cela!» Qu’est-ce que cela veut dire?
F. Que dans les autres c’est moi que j’aime.
S. C’est bien. C’est-à-dire que vous n‘aimez pas. Ainsi, essayez d’aimer alors. Essayez d’aimer. Ainsi, « c’est un étranger», dites-vous. Et vous sentez que quand tout est différent, tout devient étranger. Non. On devient rempli d’amour, rempli à ras bord d’un amour débordant. Comment? Vous devez voir cela. Maintenant, vous devez sentir que « oui c’est un fait ».
Cette idée viendra après? Non, non. Dès que vous pouvez être intellectuellement convaincu - partiellement maintenant - que c’est ainsi, vous verrez que vous ne pourrez sentir que de l’amour pour eux.
Divisez votre temps de manière à libérer votre intelligence et votre intellect de toute mesquinerie, de toute incertitude, de toute hésitation, de toutes supposition erronée. Sur ces deux simples tests, que tout est différent et que tout change, sur ces deux pierres de touche, éclairez votre intelligence.
Par exemple, Svâmiji a entendu hier que vous étiez troublé parce votre miroir s’est cassé.
F. J’étais troublé? Non, non, je n’ai fait qu’en parler.
S. Ils ont dit...
F. Non, non, j’ai juste mentionné : Est-ce un mauvais présage en Inde? Parce que dans les pays occidentaux.
S. Svâmiji sait que dans les pays occidentaux, c’est un mauvais présage. Une telle idée est fausse.
F. Ce qui m’a frappé c’est que le matin même je me disais que j’avais le sentiment d’être un miroir brisé, alors j’ai pensé : «Cela se réalise!».
S. Oh! C’est très bien. Très bien, mon cher Frédérick. Ainsi vous devez prendre n’importe quelle habitude qui vous entraîne, n’importe quelle attirance habituelle et la tester sur le plateau de ces deux principes. Vous verrez que tout sera aussi clair que possible. Et si vous pouvez être libre de ce qui vous tire vers le passé, alors votre émotion accompagnera l’intellect et votre cœur sera aussi libre que possible. Maintenant voyez comment faire et agir. L’action n’est rien d’autre qu’un terrain d’essai. Si vous sentez de manière juste et voyez de manière juste, cela sera prouvé par vos actions.
Quand, tout au début, vous avez demandé: «Que dois-je faire?» Svâmiji vous a dit: «Ne faites rien maintenant. Vivez ici, de façon à être en harmonie avec la situation. Ne mettez pas de note discordante. C’est tout». C’est une très petite phrase. «Pas de note discordante. Soyez en harmonie avec les choses». C’est facile à concevoir mais très difficile à mettre en pratique. Le processus est-il clair? Vous devez faire un travail intellectuel sur la nature de la vérité. Essayez de voir, de méditer et d’être convaincu. A un autre moment, donnez libre cours à vos émotions.
F. Les laisser venir, les regarder.
S. Et agir alors à l’extérieur avec cet intellect clair et aimant. C’est tout.

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