Extraits
CECI, ICI, À PRÉSENT
Entretiens avec SVAMI PRAJNANPAD
La CENSURE bloque la RELAXATION
S. Avez-vous essayé hier de vous relaxer?
F. Oui, oui.
S. Comment cela s’est-il passé?
F. Et bien ! Ce n’était pas difficile.
S. Pas difficile! Toute action, savez-vous, comporte trois parties pour
ainsi dire. «Quoi?» «Pourquoi?» et «Comment?»
Pour n’importe quelle action: «Qu’est-ce que c’est?
Que dois-je faire?» Ceci est l’aspect intellectuel. L’intellect
voit clairement et de manière explicite.
Et l’émotion vient. «Pourquoi dois-je le faire? Pourquoi
est-il nécessaire que je le fasse? Que cela reste là. Qu’est-ce
cela peut me faire?» Par exemple, vous vous êtes souvenu de
tant de choses. Qu’est-ce que c’est pour vous? Vous devez
sentir que: «Ceci est nécessaire pour moi. C’est à
moi. Je ne peux que le faire». Cette explosion émotionnelle
doit être présente. Pour cela, vous devez connaître
le pourquoi de la chose: «Pourquoi devrais-je faire cela? Y a-t-il
une quelconque nécessité? Si oui, très bien. Si non,
adieu». Si votre conception intellectuelle est claire et votre conviction
émotionnelle parfaite, alors votre action, le comment, devient
aussi facile que possible.
Vous êtes toujours à la recherche du «Comment, comment
puis-je faire? » Mais qu’est-ce que je cherche à
obtenir? A quoi est ce que j’aspire? Vous ne vous en préoccupez
pas. Voilà la difficulté
On vous demande ici de vous relaxer. «Pourquoi? Pourquoi devrais-je
le faire?» Demandez-vous seulement: «Pourquoi devrais-je le
faire? Pourquoi? Quelle en est la nécessité? Svâmiji
dit que cela doit avoir un sens. Lequel?»
Ici, vous n’avez affaire qu’à vos émotions,
pas à l’intellect. Que l’émotion sorte sous
sa forme évidente à l’état spontané.
Pourquoi devrait-elle sortir? Parce qu’elle est là et qu’elle
représente le passé. Le passé subsiste en arrière-plan
et cherche toujours à vous tirer en arrière. Mais vous devez
avancer, aller de l’avant. Vous voyez, que quelque chose vous tire
en arrière. Ainsi, vous devez d’abord en être libre,
sinon votre énergie est bloquée. Pourquoi est-il nécessaire
de libérer l’énergie, pour aller où? Laissez
l’énergie s’écouler. Vers où? Ceci doit
être clair pour l’intellect, pour l’intelligence. Pour
qui? Pour vous, en tant qu’individu et en tant qu’homme. Vous
agissez comme un individu, sans doute, mais vous essayez d’être
un homme. Voyez la différence! Vous agissez comme un individu,
sans doute, mais vous essayez d’aller en direction de l’homme.
F. Oui, vers l’accomplissement de toutes les possibilités
qui se trouvent à l’intérieur.
S. Oui, c’est l’accomplissement de toutes vos énergies,
vos possibilités, vos probabilités et vos potentialités.
F. Oui, elles doivent sortir.
S. Quelle est la destination? L’homme. Qu’est-ce que l’homme
alors vers lequel vous devez vous diriger?
F. Eh bien même cela, c’est difficile de le savoir!
S. Pourquoi? Vous en avez discuté tant de fois! Qu’est-ce
que vous recherchez en tant qu’individu?
F. L’infini.
S. Très bien. Ainsi, être infini doit être la destinée
de l’homme ou plutôt de n’importe quelle forme de la
Nature. L’homme est une forme consciente de la Nature, qui peut
voir, comprendre, parvenir à cela, l’atteindre ou le devenir.
C’est la destinée de l’homme d’être parfait,
infini, complètement comblé. Ce stade de conscience, libre,
complet, libre de toutes parts, où il n’y a rien, nulle part
qui reste bloqué. Cette perfection, cet accomplissement c’est
cela l’homme. La vérité est cela. Mais vous ne pouvez
pas prétendre: «Je suis devenu un homme maintenant».
Je suis où je suis et je dois aller là. Il faut voir clairement.
Par exemple, quand vous marchez, vos pieds sont sur le sol, mais votre
regard se porte en avant. Votre intelligence, toute votre intelligence
avec l’émotion qui l’accompagne, doit regarder vers
ce but. Mais d’où partez-vous? De là où vous
êtes!
F. Pour nager, on repousse l’eau en arrière
S. Très bien. Est-ce clair? Alors, d’où partez-vous?
Partez d’ici et depuis le début. Cette liberté, cette
liberté complète qui embrasse tout c’est cela la virilité.
« Là où je me trouve ici et maintenant, je dois
essayer d’être libre dans les circonstances dans lesquelles
je me trouve. Mon intelligence doit être libre autant que possible,
mes émotions doivent être libres autant que possible et mon
action doit être libre autant que possible. Ainsi, tel que je me
trouve situé maintenant, je dois être cela c’est-à-dire
non-conditionné».
F. Je ne dois donc pas laisser le monde me diriger. Je dois me diriger
moi-même.
S. Vous devez être vous-même, ici et maintenant dans les circonstances
dans lesquelles vous vous trouvez. Ceci est la perfection ici et maintenant.
Pour l’accomplir, votre intelligence doit donc être aussi
claire que possible. Et l’émotion doit être libre et
en harmonie avec votre intellect, de sorte que vous ne parliez pas de
cette façons: «Oui, oui, je comprends, mais...»
F. Oui, oui. Dès qu’il y a le moindre doute concernant le
but, il ne peut pas être atteint. Je le sais.
S. Parfois vous pouvez voir intellectuellement : «Oui. C’est
ainsi». Mais l’émotion vous retient en arrière.
L’émotion n’est pas en harmonie avec ce but. Que faire
alors? Vous devez faire sortir l’émotion de son état
déformé, de son état de manque vers son accomplissement.
L’intellect et l’émotion doivent toujours être
en harmonie. Si l’intellect est libre, l’émotion doit
être libre également.
Comme vous l’avez vu, votre émotion n’est pas libre.
Vous êtes attaché à votre enfance, attaché
et attaché! Dans ces conditions comment l’émotion
pourrait-elle sortir? Comment pouvez-vous avoir de l’énergie
pour aller de l’avant? L’émotion vous tire toujours
en arrière.
F. Oh! Oui! Je le sens fortement. Je dois m’en débarrasser,
la brûler.
S. Comment faire? Quel est l’obstacle qui empêche l’émotion
de sortir? L’obstacle est votre idée du jugement de valeur,
votre conception du bien et du mal: «Ceci est mal, ceci est vertueux,
ceci est un péché».
F. Mais cette censure se trouve dans l’inconscient ; peut-on
la maîtriser? Peut-on la laisser partir?
S. Nous en avons parlé hier. Maintenant, répétons-le
encore. Quand vous êtes seul, vous êtes seul. Vous êtes
avec vos émotions. Quand vous êtes loin de toute société
et de tout le reste, vous êtes seul. Vous êtes avec vous-même.
Quand vous êtes vous-même, il n’est question ni de bien
ni de mal. Parce que la question du bien et du mal ou de la moralité
n’apparaît que dans la relation avec autrui. Quand vous êtes
seul, vous êtes donc vous-même. Toute émotion qui vient,
est la vôtre, tel que vous êtes situé. Vous ne pouvez
pas la juger.
F. Mais si on décide: «Très bien, il n’y a pas
de jugement de valeur, tout ce qui va arriver, très bien, laissons-le
venir», cela va-t-il venir ou bien certaines choses vont-elles être
repoussées par la censure?
S. Il n’y a que cette censure. Maintenant quelle est la nature de
la censure? Qu’est-ce que la censure?
F. D’une certaine façon, on peut dire que ce sont seulement
des jugements de valeur. Y a-t-il une autre censure qui ne dépend
pas de notre volonté? Pouvons-nous agir sur elle et dire «S’il
vous plaît » ou bien « Je t'ordonne de laisser
les choses se dérouler ?»
S. Il s’agit de comprendre ce jugement de valeur, qui commande toujours:
«Ne fais pas ceci, ne fais pas cela». En psychanalyse, on
l’appelle surmoi. Ici en Inde, dans le yoga, on l’appelle
sia-ahakâra: l’ego conditionné.
F. Cela veut dire que c’est une censure qui n’est pas soumise
au pouvoir de notre volonté?
S. L’ego a toujours peur de ce surmoi, ou plutôt l’ego
est sous sa domination.
F. Vraiment comme un petit enfant.
S. Oui, comme un petit enfant. A moins d’affaiblir ce surmoi, il
n’y a pas de sortie. Ainsi, ce surmoi ou cet ego conditionné,
quelle est son origine? Parce que, vous voyez, vous devez être en
relation avec lui, et pour traiter avec lui, pour le contrôler vous
devez connaître sa nature. Sinon, vous ne pouvez rien. Quelle est
donc sa nature? Un tout-petit enfant n’a pas de surmoi.
F. Cela vient donc de l’éducation et probablement du souvenir
que certaines choses sont permises et d’autres pas.
S. Et ce surmoi vient généralement et de manière
prédominante du père, parce que l’autorité
c’est lui.
F. Oui, c’est la raison pour laquelle Dieu est généralement...
S. Pris comme étant le père. Oui, vous y êtes. Super-Dieu
n’est rien d’autre que le surmoi pour l’enfant, Dieu
l’est pour l’ego d’un adulte. Rien de plus que cela.
C’est bien montré par Freud dans son livre: «L’Avenir
d’une illusion». C’est très bien décrit.
La censure vient donc de l’extérieur, c’est la première
chose, le premier principe. La censure ne vient pas de l’intérieur
mais de l’extérieur et elle est surimposée sur l’ego.
Cela ne vous appartient pas. Parce que votre surmoi sera différent
du surmoi d’une famille différente. Et votre surmoi sera
également différent du surmoi d’un pays oriental.
Vous voyez que le surmoi est le produit d’une influence extérieure.
Aidez seulement votre intelligence et votre émotion à dire:
«Parce cela vient d’une influence extérieure, ce n’est
pas à moi».
F. Alors, pensez-vous que l’enfant qui n’aurait pas de père,
qui aurait été élevé librement, n’aurait
pas ce sentiment de surmoi?
S. Oh! S’il n’a personne pour le contrôler d’aucune
façon, il sera sauvage, asocial et non civilisé. Et tout
se trouvera dans une confusion complète. Ce surmoi est donc un
mal nécessaire. Vous ne pouvez pas l’éviter.
La soif de liberté ou le goût de la liberté vient
de l’asservissement. Vous devez donc être asservi pour être
libre. Telles sont les choses aujourd’hui. Et au sujet de ce surmoi,
par exemple, dans une famille où le grand-père dirige la
famille, le surmoi du petit-fils sera très déformé,
très anormal, parce que pour lui, son père est ce qu’il
y a de mieux. Mais il sent: «Oh! Mon père est soumis à
mon grand-père».
F. Au lieu d’avoir un surmoi absolu, il a un surmoi relatif.
S. Il doit donc y avoir quelqu’un. Parfois la mère est le
principe dirigeant de la famille. Le surmoi vient alors de la mère.
Vous devez voir quoi est quoi. Voyez-le clairement. Appliquez votre intelligence
et votre intellect. «Oui, je vois que le surmoi vient de l’extérieur».
Y a-t-il la moindre incertitude à ce sujet, le moindre doute?
F. Non, non.
S. «Parce que c’est quelque chose qui vient de l’extérieur,
ce n’est pas à moi. Pourquoi devrais-je l’accepter?
Cela est venu, cela doit partir». Si vous voyez intellectuellement
et si vous le sentez émotionnellement: «Oui, oui. Ce n’est
pas à moi. Cela doit partir. Parce que c’est dépendant.
Je le vois. Mon surmoi, sans doute est comme cela. Je suis lié
par mon surmoi et horrifié devant mon surmoi, très bien».
Mais vous voyez qu’un autre surmoi est une tout autre chose. Ainsi,
l’idée même de ce surmoi ou cette censure est quelque
chose de relatif! C’est le deuxième point. Le premier point
est: «c’est une chose extérieure, ce n’est donc
pas à moi».
F. Mais ce sentiment très fort de valeur, que chacun porte en lui,
nous devons voir de quoi il est fait.
S. Oui, c’est vrai, c’est la science, la seule science. Et
«Quoi? » doit être clair. «Pourquoi?» doit
être clair et alors «Comment ?» sera aussi clair que
possible. Vous n’avez pas besoin de penser au «Pourquoi?»
d’abord. «Pourquoi?» doit venir après. Mais parfois,
pour ceux qui n’ont pas de clarté intellectuelle, pas de
pensée claire, pas de compréhension claire, cela doit être
traité d’abord.
F. On pourrait dire que les grands saints n’ont pas été
particulièrement remarquables du point de vue intellectuel?
S. On peut probablement accomplir de grandes choses sans l’intellect,
mais, voyez-vous, il a saints et saints. Il y a des choses relatives.
F. J'ai le sentiment que cette réalité, pour l'appeler de
ce nom, ne peut pas être saisie par l'intellect mais par une sorte
de pouvoir supra mental.
S. Qui dit cela?
F. C'est un sentiment. Et cela se trouve dans tant de livres.
S. C'est une sorte de réaction, de satisfaction imaginaire du désir,
ce n'est pas la réalité. On dit en Inde:
Na-ayam-âtma na-eva vâcâ na manasâ prâptu
sakyo na cakusâ: Cette réalité ne peut être
saisie ni par des mots, ni par la pensée, ni par vos yeux ;
vous ne pouvez pas l'obtenir ainsi.
Cela vient des Upaniad, le plus grand trésor de l'accomplissement
de l'Inde ou plutôt de l'humanité.
F. Et cela ne peut être saisi par l'intellect?
S. Alors comment le saisi? «Dsyate tv-agrayâ buddhyâ:
il peut être vu» (ils emploient toujours le mot «voir»),
«il peut être vu par ceux dont la vision est fine. Comment?
Par un intellect fin et tranchant».
F. Est-ce cela qu'on appelle la discrimination?
S. Il peut être vu par l'intellect et l'intelligence. Mais quelle
doit être la nature de l'intellect et de l'intelligence? Fine et
tranchante. En général l'intelligence n'est ni tranchante
ni claire. Elle est émoussée et embrumée.
F. La manière dont je le comprends c'est que quand nous pensons,
il y a «moi» et l'objet que je regarde. Il ne doit plus y
avoir ni «moi» ni l'objet, les deux doivent faire un.
S. Plutôt il ne doit plus y avoir aucun «moi», pour
que vous puissiez sentir l'objet. Ainsi vous rendre libre de ce «moi»
est la seule chose que vous ayez à accomplir.
F. Oui, nous devons vider.
S. Vider et remplir. Non pas vider car que signifie vider? Remplir. Parce
que la Nature a horreur du vide! Dès que vous videz, aussitôt
cela va se remplir.
F. Ainsi, nous devons tout brûler…
S. C'est ainsi que la Nature fonctionne. La Nature a horreur du vide.
Vous ne pouvez pas créer le vide.
F. Ainsi la matière dont l'ego est fait doit être brûlée.
S. Et aussitôt elle doit être remplie par quelque chose de
plus élevé, comme vous dites. Vous n'avez pas à vous
préoccuper de faire venir ce qui est plus élevé.
Vous n'avez qu'à nettoyer. Maintenant, tel que vous êtes,
vous avez un intellect et une intelligence. Vous ne pouvez pas vous mettre
en chemin en aveugle. Vous avez des émotions, vous ne pouvez pas
les affamer. Vous avez un besoin d'action, vous ne pouvez pas l’écraser.
Alors que devez-vous faire? Si votre capacité d'agir est amoindrie,
si votre émotion est déformée et privée d'expression
et si votre intelligence est embrumée, que pouvez-vous faire?
F. Je dois tout rendre clair.
S. Oui, c’est tout. Voilà le point. Vous suivez? Ainsi, comment
pouvez-vous rendre les émotions claires? Comment faire? La censure
entre jeu. Comment sortir de la censure? Connaître la nature de
la censure. La censure n’est rien d’autre que le produit de
quelque chose d’extérieur. Elle est extérieure. «Ce
n’est pas à moi, c’est donc quelque chose qui m’est
étranger». Premier point.
L’intelligence dira aussitôt: «C’est une chose
étrangère». L’émotion viendra: «Parce
c’est étranger, ce n’est pas à moi, je n’en
ai rien à faire». Le point suivant est: «Très
bien, c’est étranger, cependant cela existe». « Non,
cela n’existe pas! Comment?» Parce que c’est une chose
relative. La censure n’est pas la même partout. C’est
une chose relative. C’est donc venu à vous sous une forme
relative. Ce n’est pas une chose vraie, ni véritable. Si
la censure était réelle, on la trouverait partout. «C’est
une censure qui m’est particulière. Une autre pour un autre
et encore une autre pour un troisième C’est donc une chose
fausse, une chose irréelle sans aucune entité ».
Pas à pas, soyez clair!
Première point, la censure est une chose extérieure. Deuxième
point c’est une chose relative. Tout pointe donc vers le fait que
ce n’est pas une chose réelle!
F. Oui, c’est la nature de la relation.
S. Oui, c’est la nature de la relation. «Très bien,
quelle est la nature de la relation alors? Voyons». La relation
est-elle un facteur constant et stable? Non. Elle est aussi relative.
Elle est due à la comparaison. Mais la comparaison est fausse.
Pour faire une comparaison vous devez avoir un terrain commun. Dans la
nature infinie, chaque mode est différent. Il n’y a donc
pas de comparaison de l’un avec un autre. La comparaison elle-même
est fausse. Alors le produit de la comparaison? Je suis ce que je suis
maintenant. Ainsi quand je suis seul, je suis seul. Pas de société,
pas de bien, pas de mal, rien de la sorte. C’est venu de l’extérieur
et je l’ai pris en moi et je l’ai rendu mien! Eh bien, c’est
un pur non-sens! C’est à l’extérieur. C’est
à l’extérieur, je le garderai à l’extérieur.
Quand j’aurai à aller vers l’extérieur alors
je la prendrai et me comporterai selon la logique de l’extérieur.
Mais en moi-même? Je suis libre». Voyez, voyez-le clairement
intellectuellement et soyez-en convaincu. Le surmoi perdra alors toute
sa force.
Quand vous êtes seul, vous vous relaxez, parfois vous vous sentez
bien. C’est ainsi. Et aussitôt, vous sentez la censure revenir,
dites: « Qu’est-ce que c’est? Comment? Je sens
que vous êtes ici. Je le sens, vous êtes là. Je ne
le nie pas».
Voyez la beauté de la vérité! «Je ne le nie
pas, très bien. Vous ne devez pas être là. Allons,
laissez-moi voir. Vous êtes un produit extérieur».
Utilisez alors votre intellect: «Qu’est-ce que c’est?
C’est une chose extérieure. C’est une chose relative!
Alors? Pourquoi devrais-je m’en occuper?».
Un jour, de nouveau, la censure apparaîtra. Elle ne partira pas
immédiatement. Elle peut partir aussitôt. De nouveau, saisissez-là.
Et montrez intellectuellement et dans le sentiment, quelle en est la nature.
Soyez seulement convaincu que c’est une chose extérieure,
une chose relative.
F. Très bien, une fois que la censure est écartée,
une fois que le sentiment «je dois et je ne dois pas» est
brûlé, on doit trouver une autre loi. Non pas une loi mais
une raison pour ses actions. Pas une raison, mais une motivation. Quand
c’est vide, vous devez me dire quoi mettre dedans?
S. Très bien. Ceci a déjà été dit.
D’abord vers quoi allez-vous?
F. Oui, vers l’homme.
S. Ceci est l’idée. Comment reconnaître ce que vous
faites? Vous devrez voir progressivement que vous ne vivez dans aucun
monde, que vous n’êtes en rapport avec personne, que vous
ne travaillez nulle part avec qui que ce soit. Vous n’êtes
en rapport qu'avec vous-même. Vous devrez le voir. Vous dites «je
travaille dans la société, je vais là et je fais
cela et ainsi de suite. Je l’aime, je le hais». Non, c’est
un non-sens absolu! Vous n’êtes en rapport avec personne d’autre
que vous-même. Vous essayez de vous projeter vous-même.
F. Oui, oui, sur tout objet, je sais.
S. Vous le savez? Alors, que faire? Voir les choses comme elles sont.
Vous devez être libre de ce lamentable processus de projection.
C’est le but.
F. Je devrais donc aller de plus en plus.
S. Faites-le clairement, à tout moment. Vous serez aussitôt
libre.
Vous dites: «Très bien, l’énergie est libre ».
Restez dans cette position. Vous n’avez pas à demander à
l’énergie d’être elle-même. Vous êtes
vous-même. Alors, il est lui-même aussi. Ainsi vous ne pouvez
pas marcher sur les plates-bandes de l’autre. Vous êtes vous-même
sans doute. Mais laissez les autres être les autres. Ainsi vous
voyez: tout est différent. Ou plutôt vous voyez que tout
est non-soi, tout est autre que vous-même. Toute autre personne
n’est pas vous-même. C’est ce dont vous devez être
convaincu, vous devez sentir et vous devez agir en conséquence.
Et si vous pouvez le faire, vous êtes parfait. Vous êtes devenu
un homme.
F. Oui, mais alors probablement, vous vous sentez comme un parfait étranger.
S. Comme un parfait étranger? Vous vous sentirez un avec tout le
monde, non comme un parfait étranger! Vous sentez l’unité,
une unité parfaite, inconditionnée avec tout le monde. Vous
serez complètement rempli sans aucune condition quelle qu’elle
soit. Pas du tout un étranger.
F. Très bien, je vais y travailler.
S. Travaillez et voyez. Intellectuellement divisez votre temps. Comment?
Divisez votre temps de façon à consacrez un certain temps
à ce travail émotionnel.
F. Oui, à la relaxation pour affaiblir la censure.
S. Et un autre temps pour convaincre l’intellect et l’intelligence
de la vérité des choses.
Deux aspect de la vérité sont présents: l’un
est le changement, « tout est changement » et le
second « tout est différent ». Seulement
ces deux principes de vérité, voyez-vous. Sont-il la vérité
ou non ? Tout d’abord soyez-en convaincu. Ne prenez rien pour
argent comptant. Ne prenez rien comme allant de soi. Voyez que la nature
des choses c’est le changement. Ainsi, vous sentez, du moins vous
voyez intellectuellement que vous n’avez pas d’ego. En avez-vous?
Non. Cette conception d’ego est une illusion. Il n’y a pas
d’ego. Il y a une série continue d’ego. Il n’y
a aucun ego du tout. Ainsi, dès que vous pouvez sentir qu’il
n’y a aucun ego, qu’il n’y a aucun «je»,
vous êtes libre. Vous voyez? Et pour pouvoir agir dans les relations,
vous devez sentir et voir que tout est différent de vous. Pour
agir avec n’importe qui d’autre, vous devez être…
Comment? Comment agir?
F. Je ne sais pas.
S. Vous devez être vous-même. Alors et alors seulement vous
pouvez agir. Sinon non. Vous agissez maintenant selon vos propres termes.
Dites-vous: «Je vous aime»? Jamais! Vous dites: «J’ai
aimé tant de fois». Vous n’avez jamais aimé
personne d’autre. C’est vous-même que vous avez aimé.
Comment cela? Tant que l’objet de votre amour s’est comporté
comme vous l’avez souhaité ou que vous avez aimé ce
que lui ou elle a fait, vous l’avez aimé. Dès qu’il
s’est comporté de manière contraire à ce qui
vous plaisait: «Oh! Pourquoi fais-tu cela!» Qu’est-ce
que cela veut dire?
F. Que dans les autres c’est moi que j’aime.
S. C’est bien. C’est-à-dire que vous n‘aimez
pas. Ainsi, essayez d’aimer alors. Essayez d’aimer. Ainsi,
« c’est un étranger», dites-vous. Et vous
sentez que quand tout est différent, tout devient étranger.
Non. On devient rempli d’amour, rempli à ras bord d’un
amour débordant. Comment? Vous devez voir cela. Maintenant, vous
devez sentir que « oui c’est un fait ».
Cette idée viendra après? Non, non. Dès que vous
pouvez être intellectuellement convaincu - partiellement maintenant
- que c’est ainsi, vous verrez que vous ne pourrez sentir que de
l’amour pour eux.
Divisez votre temps de manière à libérer votre intelligence
et votre intellect de toute mesquinerie, de toute incertitude, de toute
hésitation, de toutes supposition erronée. Sur ces deux
simples tests, que tout est différent et que tout change, sur ces
deux pierres de touche, éclairez votre intelligence.
Par exemple, Svâmiji a entendu hier que vous étiez troublé
parce votre miroir s’est cassé.
F. J’étais troublé? Non, non, je n’ai fait qu’en
parler.
S. Ils ont dit...
F. Non, non, j’ai juste mentionné : Est-ce un mauvais
présage en Inde? Parce que dans les pays occidentaux.
S. Svâmiji sait que dans les pays occidentaux, c’est un mauvais
présage. Une telle idée est fausse.
F. Ce qui m’a frappé c’est que le matin même
je me disais que j’avais le sentiment d’être un miroir
brisé, alors j’ai pensé : «Cela se réalise!».
S. Oh! C’est très bien. Très bien, mon cher Frédérick.
Ainsi vous devez prendre n’importe quelle habitude qui vous entraîne,
n’importe quelle attirance habituelle et la tester sur le plateau
de ces deux principes. Vous verrez que tout sera aussi clair que possible.
Et si vous pouvez être libre de ce qui vous tire vers le passé,
alors votre émotion accompagnera l’intellect et votre cœur
sera aussi libre que possible. Maintenant voyez comment faire et agir.
L’action n’est rien d’autre qu’un terrain d’essai.
Si vous sentez de manière juste et voyez de manière juste,
cela sera prouvé par vos actions.
Quand, tout au début, vous avez demandé: «Que dois-je
faire?» Svâmiji vous a dit: «Ne faites rien maintenant.
Vivez ici, de façon à être en harmonie avec la situation.
Ne mettez pas de note discordante. C’est tout». C’est
une très petite phrase. «Pas de note discordante. Soyez en
harmonie avec les choses». C’est facile à concevoir
mais très difficile à mettre en pratique. Le processus est-il
clair? Vous devez faire un travail intellectuel sur la nature de la vérité.
Essayez de voir, de méditer et d’être convaincu. A
un autre moment, donnez libre cours à vos émotions.
F. Les laisser venir, les regarder.
S. Et agir alors à l’extérieur avec cet intellect
clair et aimant. C’est tout.
toute reproduction est interdite sauf accord
de l'éditeur.
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