INTRODUCTION
Depuis la révolution des Lumières, au XVIIIème siècle,
le développement d'un esprit moderne - rationnel, scientifique,
libéral - a secoué les fondements des grandes religions
et remis en cause leurs croyances, leurs mythes et leur autorité.
Parmi elles, bouddhisme et christianisme, mais ce dernier surtout, en
ont accusé le choc. Ils ont franchi plus de vingt siècles
d'histoire et ont dû, pour le faire, muter plusieurs fois et s'adapter
à des contextes culturels très divers. Ils bénéficient
aujourd'hui, avec d'autres courants religieux, de la crise récente
de la modernité, source d'un «désenchantement du monde»
et de nombreuses incertitudes.
Ce livre voudrait comparer leur évolution au cours des siècles
et essayer d'en tirer leçon. Ces religions protéiformes
sont révélatrices des grandes tendances de l'esprit humain
: tendances à croire et à spéculer, à fabuler
et à raisonner, à espérer et à vivre au présent,
tendances à organiser, moraliser, ritualiser... et à se
dépasser. Nous confronterons donc bouddhisme et christianisme dans
les dimensions des croyances et de la métaphysique, du pouvoir
et de l'éthique, des mythes et des rites, dans celles enfin de
leur foi et de son approfondissement mystique. Ceci dans le but de mettre
en regard leurs lignes de force, qui parfois s'écartent et parfois
se rejoignent, les décantant, autant que faire se peut, de ce qui
apparaîtra trop singulier ou moins important.
Le danger est ici un comparatisme facile, pouvant vite devenir artificiel.
Nous espérons y échapper en gardant à l'esprit ce
qui nous est apparu, à travers métissages et métamorphoses,
être un certain essentiel. Précisons que, porté par
ces deux grands courants spirituels qui ont irrigué d'importantes
civilisations, il n'est pas dans notre intention d'établir entre
eux une quelconque hiérarchie. C'est de rapprocher leurs expériences
et leurs regards sur le monde qui nous intéresse, mais aussi leurs
dérives et leurs faux-pas, car la lumière émanant
de cette confrontation nous semble féconde et capable d'éclairer
notre vie présente.
I. SAGESSE DU BOUDDHA, RELIGION DE JÉSUS
"La Sagesse se laisse découvrir
par ceux qui la cherchent
Elle prévient ceux qui la désirent
et se montre à eux la première."
Sg 6,12-13.
1. La sagesse du Bouddha
La vie du Bouddha nous est parvenue par l'entremise d'une tradition longtemps
orale, qui s'est agrémentée au cours des siècles
de nombreuses légendes. Quand l'écriture a pris la relève,
vers le IIème siècle avant notre ère, d'autres récits
légendaires se sont ajoutés aux premiers, si bien qu'il
est aujourd'hui difficile de discerner ce qui relève de l'histoire.
On peut cependant retenir que Sâkyamunii, qui deviendra le Bouddha,
est né vers le milieu du VIème siècle avant notre
ère, dans une famille de la caste des guerriers, les Sâkya,
demeurant au nord de l'Inde, à la frontière sud de l'actuel
Népal. Il est aussi possible de reconstituer, sans trop d'incertitudes,
son parcours spirituelii.
La première partie de son existence se passe dans un certain bonheur,
pour autant que la jeunesse, la richesse, une vie familiale - il s'est
marié, a eu un enfant - et un environnement protégé
peuvent rendre un homme heureux. La rencontre brutale de la maladie, de
la vieillesse et de la mort, sous la forme, dit la légende, d'un
vieillard, d'un pestiféré et d'un cadavre conduit au bûcher,
détruit cet univers artificiel. Sâkyamuni découvre
qu'il vit en fait sur un îlot baigné d'un océan de
souffrance et cette découverte brise sa coquille d'enfant gâté.
Ce n'est pas encore chez lui la naissance de la compassion, mais la prise
de conscience de la précarité de la vie humaine. Il pourrait
se replier dans son cocon, mais au lieu de cela se lance dans le monde
pour trouver remède à l'universelle souffrance, suite, dit
encore la légende, à une quatrième rencontre : celle
d'un mendiant apaisé.
Ce remède, il l'entrevoit d'abord dans une vie de renoncement.
Puisque les plaisirs, les divertissements, sont fallacieux et camouflent
une réalité cruelle, il passe à l'autre extrême
et s'impose une vie de privations, d'austérités, comme le
faisaient d'autres ascètes à son époque. Il cherche
des maîtres, des compagnons, cinq au total, et avance avec détermination
sur cette nouvelle voie. Il s'y retrouve un jour épuisé,
dévitalisé, aux portes de la mort, sans avoir pour autant
résolu son problème. Prenant conscience qu'il s'est mis
dans une impasse, qu'une ascèse rigide n'apaise pas mais laisse
entier le désir, il revient sur ses pas. Il ne retourne pas à
son existence facile, mais reprend goût à la vie et décide
d'abandonner ses pratiques d'austérité avec la même
détermination qu'il avait laissé sa vie de plaisir.
Il cherche alors et trouve un équilibre et ce qu'il appelle "la
voie du milieu" : entre vie facile et vie dépouillée,
divertissement et renoncement. La grande nouveauté de cette période
est que la solution au problème de la souffrance n'y est plus cherchée
dans une démarche volontariste de renoncement et de violence sur
soi-même, mais dans une quête de compréhension. Quelque
temps avant Socrate, Sâkyamuni cherche à se comprendre :
"Connais-toi toi-même !" Non à se comprendre intellectuellement,
mais d'une façon concrète, intuitive, vitale. "Pourquoi
souffre-t-on ? Pourquoi n'est-on pas heureux ? Il laisse de côté
le connu, l'appris et ouvre les yeux sur la vie, la regarde en face telle
qu'il la voit surgir autour de lui, en lui. Il devient attentif à
tout et en premier lieu au plus proche : à lui-même. Dans
cette période méditative, qui n'est plus sous le signe d'un
vouloir ascétique mais d'une intelligence attentive, il découvre
quelques grandes vérités : l'insatisfaction de tout désir,
la solidarité des êtres, l'impermanence des choses, l'inconsistance
de son ego.
Et voilà qu'un jour cette méditation, vécue avec
lucidité et passion, contre vents et marées, débouche
sur une lumière soudaine, pressentie sans doute, mais dépassant
toute attente. A Bodhgaya, sous un figuier, après avoir résisté
aux tentations envoyées par Mârâ, le Dieu de la mort,
Sâkyamuni connaît l'éveil. Tous les fantasmes dans
lesquels il vivait encore s'évanouissent et il devient Bouddha
: l'éveillé. Le réel lui apparaît tel qu'il
est, dans sa globale interdépendance, sa vacuité souveraine,
et cette vision, le libérant de ses illusions, l'affranchit de
la souffrance qu'elles engendrent. Elle inaugure aussi un dernier parcours
: celui de la prédication, sous l'impulsion, selon la légende,
du dieu Brahmâ. Le fruit de son illumination n'est pas seulement
la liberté mais la compassion.
Après quelques hésitations, tout le reste de sa vie, qui
va être longue puisqu'il mourra octogénaire, le Bouddha va
l'employer à aider ses semblables à découvrir ce
qu'il a trouvé, afin qu'eux aussi voient la vérité
et deviennent libres. Le bouddhisme naît à ce moment, dans
la petite communauté que le Bouddha rassemble au Parc des gazelles,
à Bénarès, où il donne son premier sermon.
Celle-ci est formée d'abord de ses anciens compagnons, puis d'autres
moines, vivant tous sobrement, menant une vie itinérante, mendiant
leur nourriture, méditant beaucoup, et répandant son enseignement.
Comme le note justement Lilian Silburn : "Ce qui frappe quand on
lit les multiples récits qui évoquent la vie du Bouddha,
après son illumination, c'est qu'aucun événement
ne semble jaillir de sa décision propre." Il suit le cours
des choses : enseigne, après hésitation, parce que Brahma
l'y pousse, accepte d'ordonner des moines sur leur demande, d'ouvrir sa
communauté aux femmes sur pression de son entourage etc. "Ainsi
il n'y a plus d'histoire personnelle pour qui a vu le dharma face à
face et les multiples récits reflètent à la fois
la pure simplicité et l'éclat insaisissable de celui qui
pendant quarante ans sillonne l'Inde du Nord, sans laisser d'autres traces
que le flambeau de la Doctrine, dans le cœur des disciples."iii
Cette doctrine, quelle est-elle ? On la trouve, pour l'essentiel, dans
le sermon de Bénarèsiv : une parole inaugurale proposant
une voie du milieu entre vie facile et vie ascétique, une sorte
d'ordonnance thérapeutique en quatre points :
1) La souffrance est partout : on la trouve dans tous les secteurs et
toutes les périodes de la vie, de la naissance à la mort.
Elle est présente dans la douleur physique, les peines morales,
les frustrations et insatisfactions de toutes sortesv. Bref, partout où
il y a un moi pour désirer, craindre et s'attacher.
2) Pourquoi souffre-t-on ? Par ignorance. On ne comprend pas le monde
ni soi-même, on se croit séparé. Par avidité,
car ce manque de connaissance fait que l'on passe son temps à désirer
ce qui est censé nous manquer, à courser le bonheur dans
des plaisirs évanescents, ou à craindre et fuir ce qui pourrait
nous en privervi.
3) Quand cette souffrance peut-elle cesser ? Lorsque cessent l'ignorance
et l'avidité qu'elle engendre. Lorsque, comprenant ce que l'on
est, on cesse de désirer l'inutile et l'impossible, de fuir l'incontournable,
de rejeter l'indésirable.
4) Comment mettre un terme à son avidité? En empruntant
l'octuple sentier de sagesse, c'est-à-dire en veillant à
la justesse de sa vision, de son intention, de sa parole, de son action,
de son mode de vie, de son effort, de son attention et de sa contemplation.
Ces huit pistes, que nous commenterons plus loin, peuvent se regrouper
en trois :
- Une vie sobre, réglée par une éthique de respect
d'autrui et de soi.
- Une méditation attentive au réel sous toutes ses formes
; particulièrement aux formations du mental où s'enracinent
toutes les illusions, entre autres celle d'un ego permanent.
- Une vision de sagesse qui pénètre la nature ultime, insubstantielle,
du réel.
Les quatre vérités du sermon sont liées entre elles
comme les doigts de la main et ne sont pas choses à savoir ou à
croire, mais à comprendre. Quand le Bouddha dit : "Tout est
souffrance", il ne propose pas une opinion personnelle ou un banal
constat, mais une «noble vérité» qu'il s'agit
de voir et de vivre, ce qui suppose confrontation. Il faut arrêter
de fuir la souffrance, de chercher à s'en divertir, mais en faire
l'objet de sa méditation. De même, que l'ignorance et l'avidité
soient la source de la souffrance et qu'il faille, pour échapper
à celle-ci, s'en dégager, sont deux vérités
à comprendre. Et l'octuple sentier qui permet de les vivre n'est
pas le programme imposé d'une nouvelle morale, mais une voie conseillée
à qui en perçoit le bien-fondé.
Bref, le Bouddha ne se pose pas en autorité spirituelle ; il invite
à se soigner. Il faut reconnaître pourtant que le propos
est austère : méditation, détachement, extinction
du désir... tout cela est très loin de ce que vivent et
cherchent la plupart des humains, et l'on comprend qu'il ait hésité
à le leur proposer, se bornant à donner à sa prédication
un cadre confidentiel.
Le sermon de Bénarès constitue le noyau dur de l'enseignement
du Bouddha, son fer de lance. Il a la forme d'une épure et pourrait
avoir été énoncé en d'autres temps et d'autres
lieux. Rien d'étonnant à cela car le Bouddha est apparu
aux disciples qui ont rapporté ce discours comme un libérateur
hors du temps. Mais il était malgré tout un Indien d'il
y a vingt-cinq siècles et son message en porte la marque. C'est
ce qu'il nous faut voir de plus près.
Le contexte religieux dans lequel Sâkyamuni a vécu est celui
du brahmanisme : un système de castes dont les textes sacrés,
révélés, étaient les Védas, rédigés
entre le milieu du IIème millénaire et son époque.
Les dépositaires et interprètes de ces textes - les brahmanes
- célébraient alors une religion rituelle, faite de sacrifices
et d'observances destinées à assurer aux fidèles
une renaissance heureuse et, à terme, un paradis. Deux notions
clés sont ici à comprendre : le samsâra et le karma.
Le samsâra est le cycle des naissances et des morts dans lequel
tous les vivants - hommes et dieux parmi eux - tournent sans cesse. Le
karma est ce qui les fait tourner : à savoir la dynamique de leurs
actes, bons et mauvais, qui les propulse de vie en vie, de corps mourant
en corps naissant. Mais le karma propulse qui ou quoi ? L'âme, l'atman.
Celui-ci, étincelle divine égarée, ne cesse de renaître
dans une situation plus ou moins heureuse, une condition ou une caste
plus ou moins élevée, en fonction des actes posés
dans ses vies antérieures. La religion védique toutefois,
vivifiée par la mystique des Upanishads, entrevoit une issue à
ce turn-over perpétuel : moksa, la libération. Celle-ci
se produit quand, tout karma épuisé, l'atman prend conscience
de son identité divine et retourne à sa source : le Brahman
universel.
Le Bouddha a vécu dans ce contexte dont il a retenu des éléments
: le samsâra, le karma, la libération, et rejeté certains
autres : les rites, les castes, la révélation, l'atman,
le Brahman. Ce dernier point est important : «Ni atman, ni Brahman»
- ni âme, ni Dieu - constitue le point de clivage essentiel entre
la doctrine de l'éveillé et celle des rishis qui ont écrit
les Védas et les Upanishads. Et aussi ce qui différenciera
plus tard le bouddhisme de toute religion centrée sur une entité
suprême. Le Bouddha se révèle ici le plus insécurisant
des sages, peut-être aussi le plus libérateur.
Mais de quelle liberté s'agit-il ? De celle qui résulte
de l'extinction du désir et de l'entrée dans un espace ou
cessent toutes les contraintes qu'il crée. Ce domaine est le nirvâna
que le Bouddha n'a jamais décrit mais seulement défini négativement,
par opposition au samsâra, lieu de toutes les servitudes : "Il
existe un non-né, un non-devenu, un non-fait, un non-composé
: si ce n'était pour ce non-né, non-devenu, non fait, non-composé,
il n'y aurait ici-bas nulle libération possible... mais parce qu'il
existe ce non-né, non-devenu, non-fait, non-composé, il
s'avère qu'il y a une libération."(Udana 80)
2. La religion de Jésus.
La vie de Jésus nous est rapportée par les évangiles
qui ont été, comme les écritures bouddhistes, précédés
d'une tradition orale. Mais celle-ci a été beaucoup plus
brève et l'historien d'aujourd'hui peut, plus facilement que pour
le Bouddha, tenter de reconstituer une vie de Jésus, au moins dans
sa phase publique. Alors que les premiers textes bouddhistes remontent
au IIème siècle avant notre ère et que le canon pâli
n'a été fixé que vers 35-32 avant J.C, ce qui implique
un écart de plusieurs siècles avec les événements
de la vie du Bouddha, pour Jésus, quelques décennies seulement
séparent son histoire des évangiles, et le canon des Écritures
chrétiennes a été fixé dès le second
siècle.
Jésus est né entre l'an 6 et 4 avant notre èrevii.
Son enfance et sa jeunesse nous sont inconnues. Les évangélistes
Matthieu et Luc qui nous en parlent, environ huit décennies plus
tard, nous présentent des récits merveilleux, porteurs d'un
message religieux, mais historiquement peu crédibles. On peut en
retenir que son père s'appelait Joseph et sa mère Marie.
Ces évangélistes nous disent par ailleurs que Jésus
avait des frères et des sœurs. Jusque vers 30 ans, Jésus
vit à Nazareth, bourgade de Galilée, dans une famille de
petits artisans. Il y reçoit une éducation fondée
sur la Bible, dans laquelle on apprenait alors à lire, et sur une
tradition de croyances et de pratiques juives.
C'est avec le début de sa vie publique que les évangiles
commencent vraiment à nous raconter son histoire. Celle-ci commence
par le baptême qu'il reçoit de Jean le Baptiste au bord du
Jourdainviii. Jésus vit sans doute quelque temps auprès
de Jean et rencontre là ses premiers disciples : Pierre, André,
Jacques et Jean. A l'arrestation du Baptiste par Hérode Antipas,
il quitte la région du Jourdain et retourne en Galilée où
il commence à prêcher.
Le temps de cette prédication s'étale sur deux ans environix,
durant lesquels Jésus se déplace en Galilée et dans
les régions limitrophes, à partir de Capharnaüm, bourgade
au bord du lac de Tibériade. Son succès est certain, d'autant
que de nombreuses guérisons et exorcismes viennent appuyer la force
de sa parole. À l'occasion des fêtes, il monte à Jérusalem
où il prêche au peuple, critique le culte rendu au Temple
et argumente sur l'interprétation de la Loi. Il en profite aussi
pour prêcher dans les bourgades de Judée aux environs de
Jérusalem. C'est tout le peuple qu'il veut toucher dans le but
de restaurer la pureté de sa foi et, pour cela, il s'associe un
groupe de douze disciples symbolisant l'ensemble des tribus d'Israël.
Mais il accueille aussi dans le groupe qui le suit des femmes et des publicains,
au scandale des rabbis.
Ce qui choque pourtant le plus, c'est sa proximité avec les exclus,
sa remise en question parfois violente du culte sacrificiel et sa liberté
dans l'interprétation de la Loi dont il relativise les règles
de pureté rituelle et la pratique du sabbat, censée remonter
à Moïse. Par ailleurs, sa manière, religieuse et non
politique, d'annoncer la venue du Royaume de Dieu, déçoit
le peuple et même certains disciples voulant voir en lui un messie
libérateur. Jésus constate ces résistances, et lorsque
Hérode fait tuer le Baptiste, se sent lui-même menacé.
Il se replie alors aux confins de la Galilée. Pas pour longtemps
cependant, car la conscience de sa mission réformatrice le pousse
à affronter les difficultés, au mépris des détenteurs
du pouvoir religieux qui ne s'intéressent pas à son annonce
du Royaume. C'est ce qu'il fait en montant une dernière fois à
Jérusalem, quelque temps avant la fête de Pâque, dans
l'espoir d'une ultime intervention de Dieu et du rétablissement
de la théocratie en Israël.
Les autorités religieuses prennent alors la décision de
le supprimer en le faisant juger et exécuter par les Romains. Trahi
par Judas, abandonné par ses proches, Jésus est arrêté,
conduit devant Caïphe, le grand prêtre, et jugé sommairement
par quelques membres du Sanhédrin qui l'amènent à
Pilate et le dénoncent comme agitateur politique. Celui-ci le livre
au supplice de la croix avec d'autres rebelles, un début d'après-midi,
avant la célébration de la Pâque, vers l'an 30 de
notre ère. Décloué et enseveli, il quitte la scène
de l'histoire, sauf pour certains disciples qui, quelques jours plus tard,
proclament qu'ils l'ont vu ressuscité.
L'enseignement de Jésus est rapporté dans les évangiles
de Marc, Matthieu, Luc et Jean.x C'est là qu'il faut l'aborder
pour l'avoir dans toute sa richesse. Essayons, modestement, de résumer
ce qu'ils en disent.
Selon Matthieu et Luc, tout commence, comme pour le Bouddha, par un discours
inauguralxi : le sermon sur la montagne, donné près du lac
de Tibériade en Galilée. Jésus y annonce la venue
imminente du Royaume des cieux sur terre à ceux qui vont y entrer
: "Heureux les pauvres, les doux, les affligés, les affamés
et assoiffés de justice... Heureux les miséricordieux, les
cœurs purs, les pacifiques... car ils recevront la Terre en héritage,
car le Royaume des cieux est à eux." Il demande de prier pour
que ce Royaume vienne sur terre comme il existe dans les cieux. Il parle
en paraboles, utilisant des images simples tirées de la vie quotidienne
et de la nature : le sel, le levain, la lampe, la perle, le trésor...
la semaison, la moisson, la pêche, les vendanges, la garde des brebis,
le repas de fête... Il affirme la sollicitude de Dieu à l'égard
des pauvres, des enfants, des malades, des pécheurs, des exclus
de toutes sortes (publicains, prostituées...) et critique sans
ménagement les nantis, les suffisants, les dignitaires. Toutefois,
il enseigne l'amour de tous, y compris des ennemis, et ramène toutes
les prescriptions de la Loi de Moïse au double commandement de l'amour
de Dieu et du prochain. Il invite à ne pas juger, ne pas condamner,
mais à la compassion et au pardon. Il demande de ne pas s'inquiéter
du lendemain, mais de chercher le Royaume et de s'en remettre pour le
reste à Dieu. Il enseigne aussi la nécessité d'un
élagage, d'une purification, et la grandeur du don de soi par amour,
jusque, si nécessaire, au don de la vie. Nous arrivons là
à l'apogée de son message que Jésus n'a pas seulement
proclamé : "Si le grain ne meurt...", mais vécu
: "Le bon berger donne sa vie pour ses brebis..." C'est du moins
ce que comprendront les premiers chrétiens qui verront dans sa
passion-résurrection le centre et l'accomplissement de sa vie.
Selon Marc, Jésus est mort sous l'inculpation de "blasphémateur
et rebelle", pour la double prétention d'être "fils
de Dieu" et "roi des Juifs"xii. Il n'y a pas de fumée
sans feu, mais il est important de voir quel genre de révolution
il est venu apporter. Élevé dans le judaïsme, il n'en
a pas contesté les fondements, seulement les insuffisances et les
abus. En bon Juif, il a observé la Loi mosaïque, ne contestant
que son interprétation légaliste. Il a fréquenté
le Temple, mais a remis en question le culte sacrificiel qui s'y rendait.
C'est peut-être à cet égard que son message prend
le plus de distance avec le judaïsme de son temps. comme l'écrit
C.Grappe : "Dans la prédication de Jésus, telle que
la présentent les évangiles, le Royaume de Dieu, dans ses
différentes dimensions, spatiale, temporelle et cultuelle, réinvestit
les catégories qui avaient été mises en œuvre
dans le culte du Temple. Ces catégories, Jésus les déploie
indépendamment du sanctuaire terrestre, mais en lien avec sa propre
personne, son propre message et sa propre action."xiii Dans le logion
82 de l'évangile de Thomas, le plus authentiquement original, Jésus
dit en effet : "Celui qui est près de moi est près
du feu, et celui qui est loin de moi est loin du Royaume." Il a cru,
comme nombre de ses contemporains, à la fin imminente des temps,
au jugement dernier et à la résurrection des morts. Conscient
d'une mission à remplir, il a livré son enseignement dans
le style réconfortant des sages, mais aussi dans celui, véhément,
des prophètes, en l'authentifiant par des guérisons et des
exorcismes.
Certes, il a critiqué le légalisme et le scepticisme des
Sadducéens, l'hypocrisie des Pharisiensxiv, la violence des Zélotes
; toutefois, il «n'est pas venu abolir la Loi, mais l'accomplir»,
et n'a pas manifesté l'intention de fonder une religion nouvelle,
seulement celle de ramener l'ancienne à sa pureté première
et le peuple d'Israël au Dieu qui l'avait choisi. Quelle est cette
religion ?
Par opposition aux religions environnantes, le judaïsme s'est défini
comme un monothéisme strict. Pour les Juifs, le Dieu créateur
de l'univers a choisi le peuple d'Israël, fait alliance avec lui,
et l'a établi comme centre spirituel de l'humanité autour
d'un temple. Cette alliance est une sorte de contrat dans lequel Dieu
s'est engagé à assister son peuple en échange d'une
observation fidèle de sa Loi.
Cette Loi, qu'il lui a donnée, selon la tradition, par l'intermédiaire
de Moïse, s'est considérablement développée
au cours des siècles. Au temps de Jésus, elle comportait,
outre les grands commandements du Décalogue, un lot de dispositions
des plus minutieuses sur le sabbat, les interdictions alimentaires, le
refus des mariages mixtes etc. Jésus a élagué dans
tout cela pour en retenir l'essentiel : le double commandement d'amour
de Dieu et du prochain.
Par ailleurs, l'idéologie royale qui s'est développée
en Israël à partir du roi David, a fini par prendre la forme
de l'attente d'un Messie. Israël, qui n'avait plus de vrai roi depuis
longtemps, attendait un libérateur qui soit à la fois un
descendant de David et un envoyé de Dieu pour sauver son peuple
du joug étranger. Parallèlement à cette idée
d'un salut messianique, et en lien avec elle, se sont développées
les idées de jugement dernier et de résurrection des morts,
au moins dans certains milieux.
Jésus se situe dans cette problématique. Il a centré
sa prédication sur le Royaume de Dieu et sa venue imminente. On
peut parler d'un théocentrisme eschatologique, c'est-à-dire
annonçant la venue éclatante de Dieu à la fin des
temps. Cette annonce, déjà très présente dans
l'Ancien Testamentxv se retrouve dans le judaïsme de son époque,
entre autres dans les écrits de Qumrân.
Jésus a cru devoir jouer une fonction de catalyseur dans la préparation
du Royaume à venir et même un rôle dans son gouvernement,
une fois qu'il serait établi. C'est du moins ce qui ressort du
logion où il dit à ses disciples que lorsqu'il siégera
sur son trône, eux aussi siègeront sur douze trônes
pour juger, c'est-à-dire gouverner les douze tribus d'Israël
(Mt 19,28). Cette idée se retrouve en Mc 10,40 où il est
question de savoir qui siégera à droite et à gauche
de Jésus. Ce dernier toutefois, a écarté toute interprétation
de sa personne comme celle d'un messie venant effectuer une révolution
politique à partir d'une action militairexvi.
Il a énoncé, à travers ses paraboles et ses exhortations,
un certain nombre de conditions et de normes éthiques pour se disposer
à entrer dans le Royaume, à accueillir sa venue, et il les
a vécues de façon exemplaire. Négativement, il n'a
pas fondé d'église, de communauté à long terme,
son attente du Royaume imminent s'y opposait. La confession messianique
de Césarée avec le logion «Tu es Pierre…»,
qui ne se trouve que chez Matthieu (16,18s), ainsi que les logia sur la
mission universelle (Mc 16,15 s et //), sont des produits de l'église
primitive, en contradiction d'ailleurs avec les recommandations faites
aux disciples de ne pas aller évangéliser les païens
(Mt 10,5)xvii.
Il n'a pas non plus institué de sacrements. Bien que baptisé
par Jean, il n'a pas lui-même baptiséxviii ni demandé
de le faire. Le logion «Baptisez-les...» est lui aussi tardif
et renoue après coup avec le rite joannite. Quant à la Cène,
elle est un repas de transition, de passage - c'était le sens juif
de la pâque - : le dernier pour Jésus sur terre avant le
festin du Royaume, et non le premier d'une série de célébrations
à venir comme l'a interprété plus tard la jeune église
chrétienne : «Faites ceci en mémoire de moi»xix.
Il faut enfin noter que Jésus n'a pas centré sa prédication
sur lui-même, mais sur Dieu. Il s'inscrit dans la lignée
des anciens prophètes qui avaient parlé avec l'autorité
de Dieu : prophètes transmettant une parole de Dieu sur Dieu, la
vie, le monde, mais pas sur eux-mêmes. Jésus fait de même
et relativise plusieurs fois l'importance que l'on accorde à sa
personne : "Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a de bon que Dieu
seul." "Ce n'est pas en me disant : Seigneur, Seigneur, qu'on
entrera dans le Royaume des cieux, mais en faisant la volonté de
mon Père..." "Il vous est bon que je m'en aille..."
Jésus se perçoit et s'affirme comme un envoyé de
Dieu avec qui il a conscience d'avoir une relation exceptionnelle, unique
même, au point qu'il l'appelle familièrement : Abbaxx, c'est
toute sa légitimité, mais il ne revendique aucun statut
divin, chose impensable dans la société juive de son temps.
Certaines expressions (fils de Dieu) et certains textes tardifs nés
en milieu hellénistique (sur le Verbe, la kénose...) ont
prêté ici à confusion.
Au sujet de sa passion-résurrection, centre de la prédication
de la jeune église chrétienne, elle ne fait pas non plus
partie de son message. Bien que certains logia suggèrent qu'il
a senti venir sa fin tragique et qu'il en a pressenti le sens, celui du
don de sa vie par amour pour les siens, Jésus n'est pas allé
au devant d'elle, mais a veillé autant que possible à se
protégerxxi. Il n'a pas cru que sa mort ferait de lui l'objet d'un
sacrifice d'expiation universelxxii et le Sauveur du monde. Il pensait
d'ailleurs n'être envoyé qu'aux «brebis égarées
de la maison d'Israël», et que sa mission était de les
ramener au bercail, de son vivant.
On ne peut certes limiter l'importance du «phénomène
Jésus» au message que celui-ci a délivré et
à la mission dont il a eu conscience. Toutefois, il faut pour être
honnête bien différencier ce qu'il a été, ce
qu'il a prêché, et ce dont on l'a crédité par
la suite (messianité, divinité), sa religion en quelque
sorte et celle qu'on a construite autour de lui.
3. Accords et divergences
On a déjà tenté, et récemment encore, de rapprocher
pour les comparer Jésus et le Bouddhaxxiii. Ce sont des prédicateurs
itinérants, pauvres et sans demeure, ayant rompu leurs attaches
familiales et sociales. Tous deux proposent dans un langage populairexxiv,
imagé, un message libérateur contrastant avec la routine
religieuse de leur temps. Ils ne font pas partie des cadres religieux
de leur époque : Jésus n'est pas un lévite, ni Sâkyamuni
un brahmane. Ils contestent le culte à base de sacrifices, axe
central du judaïsme comme du brahmanisme, au profit d'une démarche
plus intériorisée. Ils rejettent la hiérarchie sociale
(pharisaïque, brahmanique) au profit des exclus, des sans caste.
Ce sont des personnalités équilibrées, étrangères
aux rigueurs de l'ascèse comme à la licence, qui parlent
d'autorité, à partir d'une expérience spirituelle
forte. Pour tous deux, la vie publique commence vers la trentaine et se
déploie dans la compagnie d'un petit groupe de disciples.
Dans leurs relations, Jésus et le Bouddha se montrent très
libres : Jésus fréquente les prostituées, les publicains,
les pécheurs, et se laisse facilement convier à leur table.
Le Bouddha accueille les serviteurs, les sans caste, et l'invitation des
maîtres de maison. Au cours d'un banquet, il accepte même
qu'une prostituée lui offre un jardin. Tous deux diversifient leurs
relations sans interdits ni exclusive.
On pourrait, entrant dans la symbolique de leur expérience, mettre
en parallèle les tentations de Jésus au désert et
celles du Bouddha, voire comparer la vision de Jésus lors de son
baptême et l'illumination de Sâkyamuni sous l'arbre bodhi,
qui toutes deux inaugurent leur vie publique, l'ascension de Jésus
et l'entrée du Bouddha dans le parinirvâna. Mais les significations
risquent ici de trop diverger. Le plus important d'ailleurs n'est pas
là, mais dans le message que chacun a délivré.
Dans les deux cas il s'agit d'un message de salut, de libération,
orientant vers une éthique altruiste faite de détachement,
d'amour, de compassion. Pour le Bouddha, la cause de la souffrance est
ce qu'il appelle la soif, le désir, qui présente le triple
visage de l'aveuglement, de l'avidité et de la hainexxv. Pour Jésus,
l'origine du mal est dans le cœur de l'homme, source de ses mauvais
vouloirs : "Du cœur en effet proviennent intentions mauvaises,
meurtres, adultères, inconduites, vols, faux témoignages,
injures..."(Mt 15,19). Désir aliénant ou volonté
pécheresse ont, comme caractéristique commune, leur égocentrisme.
Abolir celui-ci dans l'éveil et la compassion, dans la vigilance
et l'amour, tel est le chemin libérateur que proposent les deux
guides. Le moi égoïste ne pouvant le parcourir - il signerait
sa propre destruction - il faut pour le faire en appeler à une
autre lumière, à une autre force, celle du "non-né,
non-devenu, non-fait", pour le Bouddha, celle de Dieu, de son amour
salvifique pour Jésus. Grâce à elle la souffrance
peut devenir occasion de maturation et source de compassion.
Dans les deux voies, tout se ramène fondamentalement à un
problème de compréhension et de consentement, de connaissance
et d'amour. Sâkyamuni est devenu "l'Éveillé"
(Bouddha), le "parvenu au oui" (Tataghataxxvi), Jésus
est celui qui a connu le Père (Jn 17,25), fait sa volonté
et manifesté son salut (Ieshoua : Yahvé sauve).
Il est un dernier point qui rapproche les deux maîtres : aucun n'a
envisagé, pour la communauté qu'il a rassemblée autour
de lui, un avenir à long terme. Le Bouddha, pénétré
de l'impermanence de toutes choses, y compris de sa personne et de son
entreprise, à laissé clairement entendre à la fin
de sa vie qu'il ne voulait pas de succession. "Je n'ai pas d'instructions
à laisser, soyez votre propre refuge !" dit-il à Ananda
l'interrogeant sur l'avenir du groupe après sa mort. Quant à
Jésus, convaincu de la venue imminente du Royaume pour l'ensemble
du peuple ("Cette génération ne passera pas..."),
il n'a rien fait pour organiser l'avenir d'une communauté qui,
en toute logique, n'en avait pas. Les logia évangéliques
qui en parlent (sur le baptême, l'eucharistie, la fondation de l'église
sur Pierre... ) sont, estiment beaucoup d'exégètes, tardifs
et rajoutés par la jeune église chrétienne.
N'y aurait-il donc que peu de différences entre les parcours et
les sagesses de ces deux hommes, avant que leurs disciples ne les sacralisent
et ne leur confèrent un statut cosmique ou divin ? Il serait risqué
de le dire et l'on peut apporter des éléments permettant
d'en douter. En relevant par exemple la disparité qui existe entre
les durées de leurs vies (environ trente-cinq ans pour Jésus,
quatre-vingts pour le Bouddha), dans la façon dont elles se sont
achevées (par crucifixion pour l'un, par maladie pour l'autre),
dans l'événement qui en constitue le centre et qu'ont retenu
par la suite leurs disciples comme fondateur : son illumination pour le
Bouddha, sa passion-résurrection pour Jésusxxvii. En notant
aussi des différences dans leur relation aux femmes, que Jésus
intégra sans problème au groupe de ses disciples, alors
que le Bouddha n'y consentit qu'après des réticences et
en leur assignant un statut inférieur. Dans leur relation au peuple
aussi, à qui Jésus prêcha l'essentiel de son message,
alors que le Bouddha limita son enseignement à ses moines et ne
livra aux laïcs bienfaiteurs de sa communauté que des préceptes
moraux, en vue d'une meilleure renaissance.
D'autres divergences sont à relever, dont trois nous semblent importantes.
La première concerne le regard que les deux maîtres ont porté
sur la réalité qui fonde et finalise leur chemin de libération.
Jésus a proposé son message dans le cadre du monothéisme
juif qu'il n'a pas contesté et à qui, sans doute, il a donné
son dernier visage. Avec lui, le Dieu d'Israël, juste et bon envers
son peuple, mais terrible pour ses ennemis, est devenu "le Père
céleste qui fait lever son soleil sur les méchants et sur
les bons"(Mt 5,45) ; le Dieu sévère et puissant est
devenu un Dieu aimant. Mais il reste un Dieu personnel, à qui l'on
peut parler, un créateur de qui l'on dépend et que l'on
peut prier. Le Bouddha, dans sa contestation radicale du brahmanisme,
a fait table rase de ce qui laisserait supposer l'existence d'une entité
suprême, d'un Dieu personnel ou d'un démiurge créateur.
C'était évacuer du même coup l'intérêt
des offrandes, le sens de la prière, et l'espoir d'une grâce
divine.
Autre différence : Jésus s'est fait le messager d'une révélation
prophétique, le Bouddha, le témoin d'une illumination mystique.
Les deux choses ont certes à voir l'une avec l'autre, mais au plan
du message, leur mode d'action est différent, car la première
table sur la vertu de la parole et la deuxième sur celle du silence.
S'il est vrai que toute parole essentielle s'origine dans un silence,
il l'est aussi que parler n'est pas se taire, et qu'à privilégier
l'un ou l'autre, un maître donne à sa démarche un
tour différent.xxviii
Dernier point : Jésus parle de renaître dans le Royaume,
le Bouddha de s'éteindre dans le nirvâna. Pour le premier
la personne humaine, élaguée, purifiée par Dieu,
accède à la vie éternelle. Pour le second, l'ego
se dissout dans la lumière de l'éveil, et ce qui reste,
qui n'est pas rien, n'est pas dicible. Certes on peut prendre l'image
de la résurrection au second degré et laisser ouverte la
perspective jamais décrite du nirvâna, mais on ne peut amalgamer
ces métaphores sous-tendues par des anthropologies différentes.
Faut-il faire un bilan et tirer conclusion de ces accords et de ces écarts
? S'il le fallait ce serait pour dire que sur ce qui les rapproche, Jésus
et le Bouddha méritent notre admiration et notre estime et qu'à
suivre l'un ou l'autre, on est sur un chemin fiable. Pour le reste, les
choses s'expliquent par la diversité de leurs contextes culturels
et sans doute aussi par une singularité hors-cadre qui fait que
chaque être est unique, ce qui apparaît d'autant plus qu'il
s'agit d'êtres exceptionnels. Pour leurs disciples toutefois, les
différences que nous avons signalées sont importantes, capitales
même, et c'est pourquoi on en trouve peu qui se disent sérieusement
et bouddhistes et chrétiensxxix.
SOMMAIRE DE L’OUVRAGE DONT VOUS VENEZ DE LIRE LE PREMIER CHAPITRE :
INTRODUCTION
I. SAGESSE DU BOUDDHA, RELIGION DE JÉSUS
1. La sagesse du Bouddha
2. La religion de Jésus
3. Accords et divergences
II. BOUDDHISME ET CHRISTIANISME PRIMITIFS
1. Le premier bouddhisme
2. Judéo et pagano-christianisme
3. Accords et différences
III. MONDIALISATIONS
1. Un bouddhisme ouvert à tous
2. Un christianisme universel
3. Quelques rapprochements
IV. CHASSÉ-CROISÉ DES MONACHISMES
1. Une religion monastique
2. Un monachisme tardif
3. Chassé-croisé
V. LE POIDS DES AUTORITÉS
1. L'autorité dans le bouddhisme
2. L'autorité dans le christianisme
3. Autorités comparées xxx
VI. LE CHOC DES MÉTAPHYSIQUES
1. Métaphysiques bouddhistes
2. Métaphysiques chrétiennes
3. Oppositions
VII. LA DÉRIVE DES MORALES
1. L'éthique de crête du bouddhisme
2. Les avatars de la morale chrétienne
3. Entre loi et liberté
VIII. LE DÉNI DES SEXUALITÉS
1. Sexualités bouddhiques
2. Sexualités chrétiennes
3. Une sublimation risquée
IX. LA FORCE DES MYTHES
1. Père céleste et Bouddha cosmique
2. Royaume et nirvâna
3. Illumination et résurrection
4. Sauveurs divins
X. L'EXPANSION DES RITES
1. Des actes symboliques aux rites sacramentels
2. Ritualisation du bouddhisme
3. Ambiguïté des rites
XI. L'ACCORD DES MYSTIQUES
1. Éveil bouddhiste et illumination chrétienne
2. L'expérience indicible
3. La vision holistique
4. Le regard d'éternité
5. Le nécessaire détachement
6. Le fruit de la compassion
XII. LA FOI, L'ESPÉRANCE ET L'AMOUR
1. L'élan de la foi
2. Les morts de l'espérance
3. L'éternité de l'amour
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
toute reproduction est interdite sauf accord
de l'éditeur.
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